fille en kimono sous les cerisiers pour réussir son integration au japon
#Histoiresexpatriées Le Japon et moi

Mon intégration au Japon

C’est toujours délicat de parler d’intégration, mais il faut se rappeler que chaque personne, de part sa personnalité et son vécu le vit différemment. De manière générale, je trouve que mon intégration au Japon s’est bien passée et je pense que cela est du au fait que j’étais bien entourée dès le début. Cependant j’avoue que je reste assez partagée sur le sujet car il y a des moments ou je me sens plutôt intégrée et d’autres pas du tout.

Nouveau rendez-vous #HistoiresExpatriées, cette fois-ci c'est moi qui suis la marraine et j'ai choisi comme thème l'intégration. Selon le pays d’accueil et le niveau de différence culturelle avec notre terre natale, il nous sera soit facile de s’intégrer soit au contraire, difficile, bien que je pense que dans les deux cas, il peut y avoir des hauts et des bas. Je pense aussi que l'intégration, qu'elle soit bonne ou mauvaise, dépend également de son environnement. C'est pour cela que je me suis dis que cela serait intéressant de partager notre vécu avec les autres participant/es expatrié/es aux quatre coins du monde.

Etre bien entourée

C’est étrange, mais quand je suis venue au Japon la première fois en 2009, je ne me sentais pas spécialement étrangère. Peu être parce que regarder des dramas et fréquenter des Japonaises à la fac, entendre du japonais m’avaient déjà un peu familiariser avec cette culture, ou peu être tout simplement parce que mon mari m’avait prise sous son aile. A mes débuts, je ne faisais pas encore attention à tout ce qui m’entourait, notamment aux gens. De plus, à l’époque je ne parlais pas encore bien japonais.

Par exemple, durant mes deux séjours précédents mon année working holidays, je traînais à l’université de mon mari avec ses ami/es qui m’ont de suite mis à l’aise et il y en avec qui je suis toujours en contact aujourd’hui. Puis du coté de ma belle-famille, des le début de notre relation, ils m’ont bien accueilli et n’ont jamais été hostiles au fait que mon mari fréquente une étrangère. Mes beaux-parents ont beaucoup voyagé et sont ouvert d’esprit, même si pour mon beau-père, c’est toujours nihon ichiban.

L’importance de la langue

Pour vivre à l’étranger sur du long terme, il est nécessaire de faire des efforts, même si tout ne nous plait pas dans la culture ou la mentalité du pays. C’est pourquoi il est essentiel de parler la langue pour favoriser son intégration, au Japon ou ailleurs. Parler japonais et m’intéresser à la culture m’a permis de mieux m’intégrer, comprendre et accepter ce nouvel univers qui m’entourait. J’ai commencé à apprendre le japonais en France, j’ai continué en autodidacte au Japon et une fois mon visa Vacances-Travail terminé, j’ai arrêté d’étudier. Cependant au quotidien, je continue d’entendre de nouveaux mots chaque jour. Au final, je ne cesse jamais d’apprendre. Parler la langue du pays c’est se rapprocher des locaux. Si je ne parlerai pas japonais je ne pense pas que je serai là ou je suis actuellement. Rien que de penser à la maternelle, je me demande comment je communiquerai avec la maîtresse et les autres mamans car aucunes ne parlent anglais.

Plus Japonaise que Française ?

Plusieurs Japonais m’ont dit que je faisais plus Japonaise que les Japonais parce que j’aime les sushi, les umeboshi, j’aime collectionner les tampons des temples, j’aime porter des kimono et parce que j’ai plus visité le Japon que certains Japonais. Quand je dis que je bois rarement du vin ou mange peu de fromage, ils me disent que je ne suis pas Française. Que répondre à ça ? Si un étranger aime le vin, le fromage, le pain, les escargots, porte un béret et a plus visité la France que moi, cela ne me viendrait jamais en tête de lui dire qu’il est plus Français que les Français. Tout ça c’est juste une question de goûts, d’aimer ou non quelque chose. Cela ne se limite pas aux prétendues caractéristiques d’une nationalité.

Éternelle touriste ?

Sans vouloir paraître prétentieuse ou je ne sais quoi, personnellement, je n’aime pas trop être prise pour une touriste. Je suis consciente qu’ils ne peuvent pas le deviner au premier coup d’œil, même si parfois j’avoue utiliser ce joker. De ce fait, je me suis déjà demandée si par hasard, ce sentiment signifiait justement que j’étais bien intégrée. Qu’en pensez-vous ? En France on a l’habitude d’avoir un tel melting pot dans la société qu’on ne se soucis pas de savoir si la personne en face de nous est d’ici ou non.

Quand je discute avec les Japonais, que la discussion vient de leur part ou de la mienne, au fil de la discussion ils voient que je parle japonais et finissent toujours pas demander si j’habite au Japon et depuis combien de temps. Ainsi on peut aborder des sujets et parler de plus de choses. C’est souvent très agréable et intéressant. Une fois, une dame qui vendait de magnifiques pinceaux vint me parler pour m’expliquer avec quelques mots d’anglais comment ils étaient fabriquées. De suite s’embarqua dans de plus amples explications quand elle comprit que je maîtrisais le japonais. Ou encore ce monsieur dans un temple qui pris plaisir à nous parler de l’histoire de son temple en faisant une petite visite guidée.

*

Petite anecdote qui s’est passée le mois dernier à Kyoto. Mes amies et moi portions des kimono et nous sommes allées déjeuner dans un petit restaurant. Dehors, nous regardons le menu sur le panneau puis nous entrons. Dedans, le gérant qui était seul à travailler a surement paniqué en voyant 5 étrangères débarquer, et il nous a donné un « tourist menu » en anglais. Étant toutes résidentes au Japon depuis plusieurs années ca nous a surprises, mais nous avons commandé en japonais. Après avoir payé l’addition nous sommes sorties en nous disant que finalement c’était un peu cher. Puis jetant un dernier coup d’œil au menu en japonais de dehors, nous remarquons que sur celui-ci, les prix étaient plus bas que ceux du fameux « tourist menu ». On s’était fait arnaquer que quelques yens, ce qui nous a déçu, non pas pour les sous, mais pour le fait de profiter des touristes en les faisant payer plus cher que les Japonais. Je me demande si beaucoup de restaurants sont partisans de cette pratique.

Bête de foire ?

J’ignore pourquoi, mais quand je sors dehors je ne vois pas notre différence physique. Cependant, certains comportements ont tendance à me rappeler qu’effectivement je ne suis pas d’ici. La brune au long nez et aux grands yeux que je suis ne passe pas inaperçu dans les rues japonaises. Parfois on me regarde, on me fixe, se retourne sur mon passage, on observe l’étrangère. Au début c’est gênant, puis avec le temps on n’y prête plus trop attention même si parfois certains regard peuvent être vraiment insistants et malaisants. Une fois j’avais été au zoo avec mon fils. Il y avaient plusieurs classes de primaires en sorties scolaire, quand je suis passée à cote d’eux, les enfants ne m’ont pas lâché du regard. J’avais l’impression d’être un spécimen inconnu et de faire limite partie du zoo. Les petits on peut facilement les pardonner car c’est surtout de la curiosité, mais les adultes c’est autre chose. Je crois que c’est surtout ce genre de regards qui me sort de ma bulle et me rappelle à l’ordre.

Côtoyer des compatriotes empêchent-ils le fait de s’intégrer ?

Je me souviens que des amies qui étaient venus en échange universitaire au Japon disaient surtout fréquenter les étudiants étrangers et que par conséquent elles parlaient plus anglais que japonais. Je pense que quand on vient vivre à l’étranger sur du long terme, qu’il faut trouver un juste milieu. Pour ma part, comme je le mentionnais ici, j’ai plus d’ami/es Français/es que Japonais/es, mais je ne trouve pas que cela m’empêche de m’intégrer. Loin de mes proches, de mes racines, côtoyer des Français est nécessaire pour moi, pour tenir le coup. On se comprend, on peut être nous-même et partager des choses que je ne pourrais pas partager avec des Japonais.

Au final, vivre à l’étranger ça a du charme, mais ce n’est pas de tout repos. En effet, cela demande des efforts et des concessions. J’ai peu être l’air intégrée, mais je ne le suis pas entièrement. Meme en réussissant son integration, on ne sera jamais vraiment intégrée aux yeux du Japon.

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Les autres participant/es du RDV

Barbara au Costa Rica > Hilorico

Sophie en Islande > Du sud au pole nord

Fredy au Canada > Fredy pain d’epice

Elizabeth au Koweit > Liz in Koweit

Lucie en Italie > occhio di lucie

Pauline en Coree > étoile verte 

Angélique au Sénégal > FoguEscales

Juliette en Hongrie et en Finlande > essence nordique 

Cécile au Canada > Analepses vagabondes 

Kelly au Canada > Lily’s road 

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23 commentaires

  1. Très intéressant de lire votre expérience et toujours un plaisir de lire vos chroniques.

  2. Je pense que si on visite davantage notre pays d’accueil que le nôtre c’est aussi dans un esprit touristique… et qu’au fond on se dit qu’un jour on retournera pour de bon chez nous et qu’on aura le temps de le visiter (ce que se dit la plupart des natifs sans trop le faire) …

    1. Je le pense aussi, et encore cela peut dépendre du pays. Le Japon est tres bien desservi en trains ce qui fait que n’aillant pas le permis je peux m’y déplacer facilement pour visiter des lieux et villes éloignées de chez moi. J’ai quitte la France à 20 ans et je l’ai peu visité, c’est en vivant à l’étranger que j’ai davantage envie de connaitre mon pays. Un jour peut être^^

  3. enfancejoyeuse a dit :

    Je pense que ce n’est jamais évident de s’adapter à une culture, un pays, une langue différente de la sienne. Comme tu le dis, ça demande des concessions et des efforts. L’essentiel, après tout, c’est que tu t’y sentes bien toi ! 🙂

  4. Merci pour cet article, c’est toujours intéressant d’avoir un témoignage de « l’intérieur ».
    Une chose est sûre, maîtriser la langue est un sacré plus. Sans ça, ce serait bien compliqué… Et ceci, dans n’importe quel pays.
    Petite question, tu viens en Alsace pour les fêtes de Noël ? Si oui, je te souhaite de merveilleux moments en famille. ♥

    Bises,

    Gaëlle de centre Alsace 😀

    1. Merci, oui je rentre pour les fêtes cette année, 3 semaines qui passeront vite, mais j’ai hâte ! Je te souhaite aussi de bonnes fêtes de fin d’années, et si tu as des proches sur Strasbourg j’espère qu’ils se portent bien après ce qu’il s’est passé.
      Bises,
      Eva du Haut-Rhin 😉

  5. […] «Cet article participe au RDV #HistoiresExpatriées organisé par le blog L’occhio di Lucie ». La marraine de ce mois est Eva du blog frenchynippon le quotidien au Japon. Article […]

  6. J’aime beaucoup ton témoignage ! Je trouve très dommage le coup du resto à Kyoto, c’est dommage de profiter des touristes, j’imagine que le serveur a du se sentir mal quand vous avez commencer à lui parler en japonais…
    On m’a dit plusieurs fois que je suis plus canadienne que les canadiens 🙂 et pareil que toi, je visite beaucoup le pays et j’adore m’intéresser à la culture et l’histoire.

  7. L’histoire du menu m’a assez choquée mais “ça ne m’étonne pas de Kyôto” (dans le sens où c’est vraiment l’endroit touristique au Japon et qu’ils commencent donc à en profiter). Ca m’arrive quelques fois quand ma mère est avec moi et dans ce cas je refuse toujours en demandant le menu en japonais (les menus sont aussi plus complets en japonais).
    Je suis globalement d’accord avec le reste, j’avais aussi écrit un article sur le même sujet il y a quelques mois.

  8. Lucie - L'occhio di Lucie a dit :

    Très intéressant ton témoignage Eva! C’est intéressant comme le regard des autres revient beaucoup dans ton sentiment d’intégration, c’est sûrement plus fort au Japon qu’en Europe où la différence physique n’est pas flagrante.

  9. J’ai vraiment aimé ton article, et merci pour un sujet super. J’ai trouvé tellement des points en commun. Je suis en Finlande où une amie japonaise me disait que les mentalités des deux pays sont assez proches. Comme toi, j’ai quitté la France il y’a longue temps, et comme tu le disait dans un commentaire, etre loin me donne envie de refaire connaissance avec mon pays. Bien que parfois je me demande si j’ai le droit de me sentir comme une française. Et comme toi, je ne suis pas fan du vin ou fromage. 🙂

    Je pense que le link ici est pour mon blog anglais, mais j’ai laissé mon poste de mon blog francais sur FB.

  10. SCHMITTE ghislaine a dit :

    article interessant malgre tout je trouve qu il faut quelque part du courage pour s’expatrier c est pas facile surtout cote famille je suppose et pour les resto arnaque touristes c est partout pareil helas! a bientot pour un nouvel article et bonnes fetes

  11. Merci pour ton témoignage ! C’est super enrichissant 🙂

  12. Article très intéressant ^^
    la vraie question de l’intégration selon ce que j’ai pu relever dernièrement serait « se doucher assis ou debout » ! une collègue m’a parlé de ça et une élève qui était dans le coin a rigolé quand j’ai soulevé la question de « mais est ce que les japonais se douchent tous assis ?! »
    Et une personne japonaise avec qui j’ai fait connaissance récemment passe son temps à me taquiner sur le nato et les toilettes japonaises ! le coeur de l’intégration, sous un autre angle ^^
    en deux mois clairement on ne peut pas parler d’intégration mais enfin je me fais ma petite place et ma routine à Tokyo ^^ j’ai bientôt fini d’apprendre les hiraganas, un pas de plus vers l’indépendance ahahaha

    1. Oui en général, les Japonais se douchent assis sur un tabouret de douche, chez nous c’est a la française, donc debout ^^ Le natto, en 7 ans de Japon je n’ai pas encore osé goûter….bon courage pour le japonais !

  13. Beau témoignage Éva, merci pour ce joli texte. C’est vrai que la différence physique sera toujours présente, t’empêchant peut-être de te sentir entièrement intégrée mais l’important, c’est que tu essaies et a priori tu réussis 🙂

  14. […] de leur pays natal. J’ai tout de suite adoré le concept alors me voilà 🙂 Décembre 2018 : Mon intégration dans mon pays d’accueil – Marraine : Éva, du blog Frenchy […]

  15. Japon moderne a dit :

    Un témoignage vraiment passionnantes bout en bout. Je suis assez de cet avis moi aussi.

    1. Japon moderne a dit :

      *passionnant de

  16. […] Toutes les autres participations abordant ce thème sont listées en fin d’article ici. […]

  17. […] Cependant, malgré ces 10 ans sur le sol japonais, je me sens toujours déchirée entre mon pays d’adoption et mon pays natale. L’expression “avoir le cul entre deux chaises“, me colle […]

  18. […] couramment la langue, connaitre les us et coutumes, cuisiner japonais et faire de mon mieux pour m’intégrer, ils ne verront toujours en premier que mon visage qui, loin de leur ressembler, ne me permettra […]

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